Duchâteau © J.-J. Procureur

À propos

Né à Tournai le 8 mai 1925, André-Paul Duchâteau publie son premier roman policier ("Meurtre pour meurtre", 1941) à l'âge de 16 ans dans la collection "Le Jury", animée par Stanislas-André Steeman. Deux autres paraissent dans la foulée et il alignera par la suite une bonne trentaine de volumes chez des éditeurs divers , d'innombrables nouvelles énigmatiques ou de suspense, ainsi que des pièces policières radiodiffusées ou télévisées. Largement de quoi établir une solide réputation d'écrivain !

C'est toutefois dans la bande dessinée qu'il va devenir une vedette spécialisée dans l'intrigue bien construite. En 1948, pour BRAVO, il écrit ses premiers scénarios pour Tenas (Louis Saintels) et Rali (Raoul Livin) : Capitaine Hardell, Cyprien Bravo, Le Bossu, Frigipolis, etc. Il accompagne Tenas à MICKEY-MAGAZINE et écrit pour celui-ci "Le Mystère de la Tour Eiffel", une aventure parisienne de la célèbre souris de Disney, puis, sous le pseudonyme collectif de Daisin, le trio propose un récit de pirates, "Le Triangle de feu", dans SPIROU (1952).

Cette année-là, sa carrière de scénariste va accomplir un solide pas en avant lors de sa rencontre du jeune Gilbert Gascard (Tibet) avec lequel il va construire la part la plus célèbre de son oeuvre : l'éphémère détective Dave O'Flynn dans HEROIC-ALBUMS, puis les enquêtes de Ric Hochet, divers synopsis pour Chick Bill et Les Peur-de-rien, ainsi que de nombreuses nouvelles policières illustrées par le dessinateur pour TINTIN et d'autres hebdomadaires.

En fait, c'est à partir de la fin des années cinquante, après un long séjour au Congo belge, qu'il commence à multiplier dans TINTIN les récits de personnages divers pour Mittéï ( les 3 A, en collaboration avec Tibet pour les personnages), Edouard Aidans (Bob Binn, Népomucère et Bobinet), Eddy Paape (Les Jeux de Toah, puis Yorik des Tempêtes), Géri (Mr Magellan, après des premiers scénarios de Vanhamme), Andreas (Udolfo, en collaboration graphique avec Paape), Christian Denayer (Les Casseurs), Franz (Hyperion), Roszinski (Hans, dont le dessin sera repris ensuite par Kas ), William Vance ( Bruce J. Hawker), etc.

En parallèle, il va travailler plus ou moins brièvement à la plupart des hebdos de BD. Pour PILOTE, il anime Alex Vainclair avec Aidans. Le même journal rebaptise Commissaire Jeudy son Commissaire Martin inauguré dans L'ILLUSTRE DU DIMANCHE, des énigmes policières illustrées par Parras. LE SOIR JEUNESSE lance Yalek, puis Alain Chevallier, dessinés par Christian Denayer. Daniel Hulet illustre son Pharaon dans SUPER-AS, puis chez Glénat, qui publie dans CIRCUS son Serge Morand, animé par Sanahujas.

On le voit aussi livrer très discrètement des scénarios à SPIROU pour MiTacq ( une aventure de Stany Derval), René Follet (une tentative de relancer Jean Valhardi), Christian Denayer (Patrick Leman et l'illustration de nombreuses énigmes de l'Inspecteur Spirou).
Avec le reflux de la presse dans les années 80, il va de plus en plus travailler directement pour les albums : Peggy Press avec Xavier Musquera (Deligne, puis Armonia Sedli), des adaptations en BD d'auteurs célèbres (Conan Doyle, Steeman, Maurice Leblanc, Gaston Leroux, Tom Sharpe, Edgar Wallace, John Flanders) pour les éditions Lefrancq avec une floraison de jeunes auteurs ( Didier Desmit, Jacques Géron, Erwin Drèze, Bernard Swysen, Guy Clair, Stibane, Di Sano, Yves Urbain ou Wilbur Duquesnoy), un Space Gordon pour Raoul Giordan, etc.

Une telle oeuvre pourrait laisser croire que ce diable d'homme a passé toute sa vie rivé à une machine à écrire. Il n'en est rien, car sa carrière professionnelle a été tout aussi étoffée et absorbante : correcteur littéraire chez un éphémère éditeur belge peu après la Libération; secrétaire de rédaction de BRAVO et de STORY; rédacteur à MICKEY-MAGAZINE et secrétaire de l'imprimerie Imifi; attaché de 1955 à 1958 aux rédactions léopoldvilloises de l'hebdomadaire POURQUOI PAS-CONGO et du quotidien L'AVENIR; directeur ensuite de la diffusion belge de POURQUOI PAS ? et organisateur d'évènements promotionnels qui firent beaucoup pour son essor au cours des années 60; rédacteur en chef de TINTIN de 1976 à 1979; puis directeur littéraire des éditions du Lombard.

Autant d'occasions de rencontrer d'innombrables personnalités et de rassembler des anecdotes qu'il relate avec son inaltérable gentillesse dans ses mémoires (7 à 77 ans, souvenirs d'un scénariste, éditions Mémor, 2002).