Colman © D. Buriez

À propos

Stéphan Colman est né en 1961 à Liège, en Belgique. Issu d'une famille d'artistes, c'est tout jeune qu'il choisit le crayon comme moyen d'expression. Un grand-père peintre, titulaire du Grand Prix de Rome, lui transmet son goût du perfectionnisme. Sa grand-mère paternelle lui offre le sens de la composition et de l'harmonie. Quant à ses parents, ébénistes-décorateurs-antiquaires, ils aiguisent son goût pour l'esthétisme et l'Histoire...

Le caractère libre et curieux de Stéphan Colman le mène vers l'Académie des Beaux-Arts de Liège puis vers celle de Saint Luc. Dépité, il n'y reste élève que quelques semaines, préférant " l'exercice sur le métier" aux heures perdues à apprendre beaucoup de ce qu'il sait déjà. Il se lance alors, à seize ans, dans la carrière de dessinateur à laquelle il s'est toujours destiné.

Colman oeuvre d'abord dans le journal rock En attendant..., puis pour le fanzine Aïe!, en compagnie de Ptiluc, Geerts, Dupuy, Berthet et d'autres jeunes auteurs de sa génération. A 17 ans, en 1978, Colman devient le plus jeune dessinateur du Journal de Spirou, avant d'être " détrôné" l'année suivante par Philippe Bercovici. L'hebdo au calot, dans lequel il rêvait de travailler un jour, publie de nombreuses illustrations signées de sa main, ainsi que des histoires courtes. C'est dans l'une d'elle, en 1982, qu'apparaît pour la première fois, sur un scénario de Stephen Desberg, Billy the Cat, jeune garçon turbulent transformé en chat.
La rédaction de Spirou, à l'époque installée rue de Livourne à Bruxelles, devient la deuxième maison de Colman. Un chaudron à création où l'on peut croiser Yvan Delporte, Morris, Tillieux, Franquin ou encore Will, un homme extrêmement attachant, père d'Eric Maltaite qui deviendra l'un de ses plus proches amis.

Sans cesse attiré par les nouvelles expériences, Stéphan Colman rejoint ensuite la jeune équipe de Magic strip, nouvelle maison d'édition BD fondée par les frères Pasamonik. C'est au grand dam d'un Stephen Desberg ne s'attendant pas à être ainsi écarté qu'il publie, en 1982, " White le choc" après un an passé à remplir ses obligations militaires. Ce récit noir, narrant la rencontre improbable d'un extra-terrestre égaré et d'un bouseux aigri du fin fond des States, sera suivi en 1984 de "Radical café", une oeuvre atypique réalisée pour le même éditeur avec le peintre belge Fernand Flausch. OVNI graphique plaisant beaucoup dans le milieu de la communication, cet album lui en ouvre les portes, que Colman franchit sans hésitation, laissant la BD derrière lui. 

Les années 80 de Stéphan Colman seront donc des années " pub" et exploration de l'image sous toutes ses formes : peinture, stylisme, logo, vidéo, direction artistique en agence, etc. Mais en 1990, la BD revient lui faire de l'oeil grâce à son fidèle complice Stephen Desberg qui lui propose de reprendre "Billy the cat".

Cette fois, plus question d'histoires courtes mais d'une série plus ambitieuse. L'univers développé par Colman et Desberg est graphiquement détaillé, tout en proposant un scénario novateur mêlant humour et gravité, genre inédit à l'époque pour une BD jeunesse. Le premier album de " Billy the cat", Dans la peau d'un chat, obtient l'Alph'art Jeunesse 1991 au festival d'Angoulême. Les deux compères sont ensuite contactés par des producteurs désirant développer " Billy" pour la télévision. C'est ainsi que leur jeune héros connaîtra de trépidantes aventures dans 6 albums (parus chez Dupuis), mais aussi 2 séries de 26 épisodes de dessins animés. Fort de cette expérience dans l'audiovisuel, le dessinateur aux multiples casquettes réalise ensuite les art-keys du 1er film 3D belge, "Fly me to the moon".

C'est à la demande d'un autre de ses grands amis, le dessinateur Batem, que Colman décide alors, en 2005, de troquer ses crayons et pinceaux pour le clavier. Direction la Palombie, à la rencontre du Marsupilami, pour lequel il scénarise 15 albums, dessinés par Batem et parus chez Marsu Productions.

Parallèlement, son amour de la mécanique et des grands espaces emmène Colman vers le monde de la moto avec " Sam Speed" (Hugo BD) puis vers le Mississippi des années 30 avec la trilogie "O'boys" (Dargaud, en 2012), un puissant récit initiatique convoquant aussi bien Jack London que John Steinbeck et magnifiquement mis en image par Steve Cuzor.

Colman s'attaque ensuite à un immense défi : Inventer un passé à Monsieur Choc, ennemi juré de Tif et Tondu créé en 1955 par Rosy et Will. Mise en images par Eric Maltaite, la trilogie " Choc" impose un graphisme et un scénario époustouflants, lui valant d'être multiprimée.

Tous ceux qui rencontrent Colman disent la même chose de lui : " C'est un sacré raconteur d'histoires !". Né en Afrique, il aurait été griot. Né en Belgique, c'est par la BD qu'il choisit de nous emmener vers l'ailleurs. Ne suivant pour seule route que le fil de l'amitié et du plaisir, Colman est un artiste complet, passant de la BD à la peinture, de l'image aux mots, de l'humour à l'émotion avec une réussite et un plaisir réjouissants. "Billy the cat", "Choc" et bien d'autres de ses productions, sont d'ores et déjà des classiques.